Quelles sont les contraintes et les défis du choix d’un système d’assainissement en Afrique de l’Ouest ?
L’assainissement autonome constitue un enjeu majeur de santé publique en Afrique de l’Ouest, où l’accès aux réseaux d’égouts collectifs reste limité voir quasi inexistants dans de nombreuses zones urbaines et périurbaines. Dans ce contexte, les fosses septiques représentent une solution incontournable pour le traitement des eaux usées domestiques. Parmi les innovations récentes, la fosse septique Bofil se distingue comme une technologie prometteuse, adaptée aux spécificités climatiques et socio-économiques de la région.
L’Afrique de l’Ouest fait face à des défis considérables en matière d’assainissement. Selon les données récentes, moins de la moitié de la population urbaine de la région a accès à des installations d’assainissement améliorées. Cette situation s’explique par plusieurs facteurs tels que la croissance urbaine rapide : l’exode rural massif vers les centres urbains dépassant souvent la capacité des infrastructures existantes ; les contraintes économiques comme le coût élevé des systèmes d’assainissement conventionnels limite leur accessibilité ; des conditions géologiques particulières avec des sols latéritiques et des nappes phréatiques peu profondes compliquant l’installation de systèmes d’assainissement traditionnels ; un climat tropical avec de fortes précipitations et des températures élevées nécessitant des solutions adaptées.
Pourquoi l’assainissement des eaux usées ?
La gestion et l’assainissement des eaux usées est un processus épuratoire important permettant de réduire la quantité de polluants chimiques, physiques et des matières organiques contenues dans ces eaux afin de les rendre sans conséquences néfaste l’infiltration dans le sol ou le déversement dans un milieu naturel.
Les eaux usées sont constituées par les eaux vannes (provenant des toilettes) et les eaux grises (provenant des douches et des cuisines, etc…). Ces eaux contiennent des quantités énormes de matières organiques, micro-organismes pathogènes, de substances chimiques toxiques et de déchets) d’où la nécessite de les traiter avant évacuation.
Solutions traditionnelles et leurs limites
Les fosses septiques conventionnelles constituent la solution d’assainissement autonome la plus répandue en Afrique de l’Ouest. Ces systèmes, généralement construits en béton ou en maçonnerie, fonctionnent selon un principe simple de décantation et de digestion anaérobie.
Principe de fonctionnement classique :
Les eaux usées domestiques sont collectées dans une cuve étanche à compartiment unique ou double, les matières solides se déposent au fond (boues), les graisses flottent en surface (écume), l’eau clarifiée occupe la zone intermédiaire. Les bactéries dégradent partiellement les matières organiques en l’absence d’oxygène et l’effluent est évacué vers un puits perdu, un épandage souterrain ou directement dans la nature (très déconseillé)
Le types de fosses les plus courants sont notamment :
- Les fosses à compartiment unique : Solution la plus économique mais moins efficace
- Les fosses à deux compartiments : Amélioration du traitement par séparation des phases
- Les fosses avec puisard : Combinaison fosse septique + puits d’infiltration
- Les latrines améliorées : Variantes simplifiées pour les zones rurales


Les fosses septiques conventionnelles, bien qu’utilisées depuis des décennies, rencontrent des difficultés particulières dans le contexte ouest africain.
Défis et contraintes liés à la mise en place des fosses conventionnelles, particulièrement dans le contexte ouest africain.
Sur les plans géologiques et hydrogéologiques nous avons des contraintes liées au sols imperméables notamment les sols latéritiques et argileux qui limitent l’infiltration des effluents ; la faible profondeur des nappes phréatiques qui peuvent induire à des risques de contamination directe, particulièrement en saison des pluies ; l’alternance entre sécheresse et inondations affectant le fonctionnement du système ; les difficultés d’excavation et coûts d’installation parfois élevés.
À cela s’ajoutent les défis climatiques comme les surcharges hydrauliques pendant la saison des pluies ; l’accélération de la fermentation mais aussi des nuisances olfactives dues à des températures élevées, l’évaporation intense entrainant la concentration des polluants en saison sèche.
Des défis de conception et de réalisations s’imposent également ; il faut un dimensionnement adéquat par rapport aux besoins réels. Une mauvaise qualité des matériaux utilisés lors de la construction, les problèmes d’étanchéité, les problèmes d’évacuation dus au manque d’exutoires appropriés pour les effluents représentent des défis pour ce type de fosses.
Enfin un aspect des plus déterminant est le volet économique, sur ce point, la fréquence élevé (tous les 2-3 ans) et coût prohibitif pour de nombreux ménages, les difficultés d’accès pour les véhicules de vidange dans certaines zones, l’absence de filière de traitement des déchets (les boues de vidanges sont parfois déversés dans la nature), et l’absence de maintenance préventive des fosses sont des éléments qui mettent en mal l’efficacité de ces fosses dans le contexte Ouest-africain.
La technologie Biofil : Une innovation adaptée
La fosse septique Biofil représente une évolution technologique significative dans le domaine de l’assainissement autonome. Son principe repose sur un traitement biologique intensifié grâce à un média filtrant spécialement conçu. Il existe 2 configurations principales :
Configuration avec décantation primaire (système à 3 compartiments)
Dans cette configuration les eaux usées arrivent dans un premier compartiment où s’effectue la séparation des matières solides. Les graisses remontent à la surface tandis que les boues se déposent au fond. L’eau clarifiée passe ensuite à travers un filtre biologique composé de matériaux poreux (copeaux de coco, billes d’argile expansée, ou matériaux recyclés locaux) pour un traitement biologique. Ces supports favorisent le développement d’une biomasse épuratrice qui dégrade les polluants organiques. Un dernier compartiment assure la clarification finale avant le rejet ou l’évacuation vers un système de drainage ou un puit d’infiltration.
Configuration simplifiée (système à traitement direct)

Dans cette variante, les eaux usées alimentent directement le compartiment de traitement biologique sans décantation primaire préalable. Le média filtrant assure alors simultanément :
- La rétention des matières solides en suspension
- Le traitement biologique des polluants dissous
- La clarification de l’effluent
Cette configuration présente certains avantages spécifiques :
- Compacité : Réduction de l’emprise au sol nécessaire
- Coût réduit : Moins de compartiments à construire
- Simplicité : Moins de points de maintenance
- Flexibilité : Adaptation plus facile aux contraintes d’espace
Bien que cette combinaison présente quelques avantages elle nécessite cependant un média filtrant de qualité supérieure et plus résistant, une maintenance légèrement plus fréquente du filtre et une attention particulière au dimensionnement et à la réalisation pour éviter le colmatage.
Avantages spécifiques à la région
Au regard des différents systèmes utilisés en Afrique, la technologie Biofil présente plusieurs atouts particulièrement adaptés au contexte ouest-africain avec une efficacité estimée à un taux d’épuration atteint 85 à 95% pour les matières organiques, contre 60 à 70% pour une fosse septique classique. Cette performance accrue réduit considérablement l’impact environnemental.
Elle est adaptée au climat tropical, les températures élevées favorisent l’activité biologique du système, optimisant naturellement les performances d’épuration. Le système résiste également mieux aux variations saisonnières de débit liées aux précipitations.
Elle se veut une solution plus économique en réduisant considérablement les fréquences de vidange en passant de 2-3 ans pour une fosse classique à 5-8 ans pour un système Biofil, générant des économies substantielles sur le long terme. Elle implique aussi une utilisation des matériaux locaux par l’emploie des médias filtrants souvent constitués de matériaux disponibles localement (coques de coco, argile locale, matériaux recyclés), réduisant les coûts et favorisant l’économie circulaire.
Conclusion
La fosse septique Biofil représente une solution d’avenir pour l’assainissement autonome en Afrique de l’Ouest. En combinant efficacité technique, adaptation aux conditions locales et viabilité économique, cette technologie répond aux défis spécifiques de la région. Son déploiement à grande échelle nécessite cependant une approche intégrée impliquant les autorités publiques, les professionnels du secteur et les communautés bénéficiaires.
L’investissement dans cette technologie dépasse la simple question technique pour s’inscrire dans une démarche de développement durable, contribuant à l’amélioration de la santé publique, à la protection de l’environnement et au développement socio-économique des territoires. Face aux enjeux croissants de l’urbanisation et du changement climatique, la fosse Biofil constitue un outil précieux pour construire des villes plus résilientes et durables en Afrique de l’Ouest.
